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Embrasse moi

Place du tertre. Montmartre

"C'est donc cela un baiser ! Cette brûlure suave qui donne envie de se jetr sur l'autre, de l'aspirer, de le lécher, de le renverser, de s'enfoncer en lui, de disparaître ...
De se dissoudre dans un lac profond, de laisser flotter sa bouche, ses lèvres, ses cheveux, sa nuque ...
Perdre la mémoire.
Devenir boule de caramel, se laisser goûter du bout de la langue.
Et goûter l'autre en inventant le sel et les épices, l'ambre et le cumin, le cuir et le santal.
C'est donc cela ...
Jusqu'à maintenant, elle n'avait embrassé que des garçons qui l'indifféraient. Elle embrassait utile, elle embrassait mondain, elle embrassait en repoussant une boucle de cheveux élastique et en regardant par-dessus l'épaule de son prochain. Elle embrassait en toute lucidité, s'indignant d'une meurtrissure des dents, d'une langue cannibale, d'une salive baveuse. Il lui était arrivé aussi d'embrasser par désoeuvrement, par jeu, parce qu'il pleuvait dehors ou que les fenêres avaient des petits carreaux qu'elle n'avait pas fini de compter. Ou, souvenir qui l'embarassait, pour obtenir d'un homme un sac Prada ou un petit haut Chloé. Elle préférait oublier ...
Ainsi, il arrive qu'un baiser procure du plaisir ...
Le plaisir ... Quel délice !
Et aussitôt, elle nota qu'il fallait se méfier du plaisir."

Katherine Pancol (Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi)

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Exif

APN NIKON D5000
Objectif ---
Ouverture 9
Temps de pose 1/320
Focale 55.0 mm
ISO 320