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Jean Albert Richard


Premium (World), Runkel

La sangria

Le thème de la semaine esr tout un programme. C'est lorsqu'on a entre vingt et trente ans que l'on entreprend le plus de choses.
Revenu à la vie civile en 1969, je recommençai à m'entraîner comme auparavant.
1970 vit tomber le record de Calais-Brindisi. Le mois suivant, je ralliai le Cap Nord depuis le parvis de Notre-Dame ou kilomètre zéro.
Début 1971, je fis la connaissance d'Arlette. C'était l'année du Paris-Brest-Paris dont les photos sont déjà depuis logtemps dans ma galerie.
Fin 1971, j'allai habiter chez Arlette.
Début 1972, voyant que mon salaire d'instituteur remplaçant ne suffirait pas à la longue, je m'orientai vers le domaine bancaire où j'ai effectué la plupart de ma carrière. Ce sont les 15 mois que j'ai passés à la centrale titres de la Société Générale au Trocadéro qui m'ont valu mon succès ultérieur grâce à l'instruction très complète reçue d'un expert en la matière, Monsieur Gouvion, descendant du maréchal d'Empire.
1973 tourna autour d'un Tour de France que l'on pourrait appeler de reconnaissance. Le Tour définitif, ce fut en 1974.
1975 fut marqué par l'arrivée de Solveig et notre départ de la région parisienne pour le département des Ardennes.

C'est là que la photo a été prise entre 1975 et 1978 au cours d'une soirée sangria dans notre salon: on notera chez moi le bronzage typique des cyclistes...

Début 1978, la situation économique s'étant aggravée dans la région
(les petites fonderies de la vallée de la Meuse fermaient les unes après les autres, et il n'y avait pas d'activité de remplacement), les banques commencèrent à étudier des compressions de personnel. On me proposa de m'envoyer à Longwy, ce qui était reculer pour mieux sauter, car si la sidérurgie allait mal, la crise arriverait en Lorraine un jour ou l'autre, ce qui ne manqua du reste pas de se produire.
Nous cherchâmes à partir pour la Belgique voisine, mais sans succès.
C'est alors que j'eus l'idée peu banale de me tourner vers l'Allemagne.
Personne d'entre nous ne parlait la langue.
Un ami vendeur de souvenirs sur les bords du Rhin put me procurer un emploi dans une scierie de la vallée de la Wisper; là, l'obstacle linguistique n'était pas un gros problème, les machines faisaient un tel raffut que l'on communiquait principalement par gestes.
J'ai commencé à apprendre l'allemand avec la petite grammaire que mon père avait rapportée du stalag, les premiers mois ont été assez durs, et puis c'est venu petit à petit. Il y a même eu une phase où dans mes rêves nocturnes des personnages disaient des choses en allemand que j'aurais encore été incapable de prononcer en état d'éveil, preuve que ces choses-là étaient déjà en mémoire mais pas disponibles dans l'instant.
Mi-1979, j'allai à Francfort-sur-le-Main pour chercher du travail dans une banque et j'obtins un poste à la banque centrale des coopératives, un peu parce qu'elle avait de gros problèmes avec des banques françaises et que la communication était difficultueuse.
La décennie était bouclée, il n'y avait plus qu'à gravir des échelons.

Exercice photographique n° 192, "nos années soixante-dix".

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